Le numéro de Glamour de juillet 2010 a déclenché une véritable polémique sur la blogosphère. A l’origine du débat l’enquête intitulée « le vrai business des blogs de mode », mais surtout l’éditorial de Marie Lannelongue rédactrice en chef du mensuel. Les blogueuses y sont vivement critiquées, notamment pour leur manque d’originalité et leurs collaborations trop nombreuses avec les annonceurs. Les réactions des blogueuses mises en cause dans cet édito ne se sont pas faites attendre. Beaucoup se sont fendues d’un billet de protestation accusant les journalistes de presse féminine d’être jalouses des blogs et de leur succès, et ainsi de nuire aux magazines féminins. Cette polémique est l’occasion de faire le point sur un sujet plus que jamais d’actualité, à savoir les interactions entre la presse féminine et les blogs de mode.
Des rubriques 100 % inspirées des blogs
Les responsables de presse écrite ne peuvent le nier, le succès des sites féminins, a considérablement influencé les récentes évolutions des magazines. Ils ont impulsé de nouvelles maquettes plus en phase avec les nouvelles habitudes de lecture venues du web (polices, images), ou encore des redéfinitions complètes de lignes éditoriales qui ne parviennent plus à séduire le plus grand nombre.
Une nouvelle rubrique fait désormais fureur dans les magazines : le street style. Directement copiées de blogs influents à la réputation très qualitative comme The Satorialist ou Facehunter, ces rubriques ont une place de plus en plus grande dans tous les magazines même les plus prestigieux comme ELLE. Cette rubrique a pour but de mettre en valeur, grâce à des photographies de qualité professionnelles, les tenues d’inconnues croisées dans la rue.
Des sites web très soignés
Le groupe Marie-Claire, s’est sans doute inspiré de la stratégie des pure players pour le site web de son hebdomadaire Envy. Force est de constater que des moyens colossaux ont été déployés pour assurer la visibilité de ce nouveau titre sur le web. Des exemplaires du premier numéro de ce magazine ont été délivrés en avant première à des blogueuses et non à des journalistes comme cela est la coutume. Le but de cette opération était bien entendu de créer le buzz autour du lancement du magazine sur les blogs et les réseaux sociaux. Contrairement à Grazia, qui a déployé sa stratégie digitale au fur et à mesure, toute la panoplie 2.0 de Envy, a été proposée avec le magazine. L’application Iphone Envy fut disponible dès le premier numéro et mentionnée à plusieurs reprises dans le magazine.
Les blogueuses dans la presse écrite
Une autre pratique est de plus en plus répandue : l’intervention de blogueuses dans la presse écrite. Le magazine qui a le plus recours à ces pratique est Grazia, qui regorge d’articles faisant participer les stars du web (voir par exemple les interviews de Anne-Laure de h2-blog.com, Marie de chroniqueblonde.blogspot.com et Fleur de whatever.fleur.net dans le n° 2 et l’article « les blogueuses se rhabillent » dans le n°33).
De plus, les auteurs de blogs acceptent souvent de rédiger des articles à moindre coût pour la presse écrite, car cela leur permet d’acquérir une visibilité accrue et une toute autre crédibilité, accédant ainsi à un statut de « journaliste ». Leurs qualités rédactionnelles sont alors reconnues dans la presse écrite.
Au final que reste-t-il de cette polémique ? Pas grand chose si ce n’est la certitude encore affirmée de l’appartenance des blogueuses et journaliste à un même univers non pas par la nature de leur travail, mais avant tout parce que leurs lectrices sont les mêmes. La guerre semble déclarée, mais pas pour la conquête des lectrices, qui restent fidèles à leurs magazines préférés tout en consultant les blogs. Il s’agit d’une guerre financière qui durera tant que le modèle économique des blogs restera calqué sur celui de la presse, impliquant une concurrence directe dans la bataille pour les annonceurs, de plus en plus enclins à consacrer aux blogs des budgets autrefois réservés à la presse féminine.
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